Collection Droit et Cinéma
Sous la direction de Magalie Flores-Lonjou et Fabrice Defferrard
Pointant les limites et lacunes de l’approche juridique actuelle où prévaut une conception techniciste de la norme, Paulo Ferreira Da Cunha considère qu’« Un juriste qui ne sait que le droit ne sait pas même le droit ».
En effet, en valorisant le positivisme juridique, les disciplines plus théoriques sont écartées au profit d’un savoir technicien accru. Pour autant, si, comme l’écrivait le poète Térence, « rien de ce qui est humain n’est étranger au juriste », celui-ci ne peut vivre sans la part d’imaginaire, consubstantielle au droit. Dans le sillage de Law and Film né aux Etats-Unis au sein du mouvement Law and Society, l’étude du droit dans les diverses cinématographies permet tout à la fois de renouveler les questionnements juridiques et de révéler sa part de fiction, telle qu’énoncée par Giraudoux : « [l]e droit est la plus puissante des écoles de l’imagination. Jamais poète n’a interprété la nature aussi librement qu’un juriste la réalité ». Car le droit n’est pas que dogmatique, il est aussi réinterprétation de la réalité, à l’instar du cinéma qui n’est jamais une captation du réel, même dans ses réalisations documentaires, mais une vision du réel au prisme d’une subjectivité et d’une esthétique particulières. Convoquer des savoirs externes ne résulte pas seulement d’une mode érigeant la pluridisciplinarité en vertu, mais une démarche visant à décloisonner les savoirs académiques. L’interdisciplinarité suppose un rapprochement des disciplines par nature extérieures l’une à l’autre, ici le droit et le cinéma, dans une intelligence dialectique en leur permettant d’étudier un objet commun : la représentation des questions juridiques, judiciaires et politiques.
Tel est l’objectif de la collection Droit & Cinéma des Editions Mare & Martin : explorer la part de droit contenue dans chacun des films, tout comme les interrogations que chaque œuvre cinématographique peut susciter, « Le cinéma [étant] une pensée qui prend forme, une forme qui pense » selon les mots de Jean-Luc Godard.
Le droit et les sens, L’Atelier de l’Archer, 2000, p. 8
La guerre de Troie n’aura pas lieu, II, 5, Hector