Contrastant avec les balbutiements de leur technique, la maîtrise artistique des premiers fondeurs chinois ne connaît pas de prémices. Par l’originalité, et parfois l’audace de leurs formes, les vases en bronze atteignent immédiatement à la perfection. En témoigne l’extraordinaire élégance et le geste inspiré des pièces les plus anciennes.
Au cours des premiers siècles, entre le xvie et le iiie siècle avant notre ère, un bestiaire fantastique chargé de puissance et de force fait la beauté de vases destinés aux grandes cérémonies du rituel chinois.
Quand cette fonction rituelle fait place à l’ostentation, le décor s’enrichit d’incrustations de malachite, d’or, d’argent ou de laque et les formes deviennent précieuses jusqu’à l’exubérance.
Il y a vingt siècles, certains bronzes identiques à ceux présentés ici faisaient déjà figure d’antiquités auxquelles les premiers empereurs attachaient le plus grand prix. Chaque fois qu’une dynastie aura besoin d’assurer sa légitimité, elle plongera vers cette sorte de « mémoire historique » que sont les bronzes pour l’histoire chinoise.
Le regard porté au cours du temps sur les bronzes archaïques chinois a pu changer, en même temps que le souvenir de leur usage exact, et celui de la fonction rituelle qui avait été la leur, pouvait s’estomper. Il demeure que l’ensemble de la collection de chefs-d’œuvre présenté lors d’une exposition au musée Guimet est lui-même un chef-d’œuvre, tant la qualité des pièces est exceptionnelle, tant est complète la série des formes créées par les bronziers de la Chine antique.