La ségrégation territoriale s’ancre durablement en France, avec des facettes diverses, malgré les politiques menées pour lutter contre celleci. Raymond Barre soulevait en 1977 que « la transformation anarchique de l’espace fait peser sur notre société la menace d’une très dangereuse ségrégation sociale ». Manuel Valls, en 2015, établissait un constat similaire usant de formules fortes : « la relégation périurbaine, les ghettos, (...), un apartheid territorial, social, ethnique... ». Certes, il n’y pas d’apartheid en France : l’État ne prône nullement une doctrine d’un développement séparé selon la richesse, la race ou tout autre critère distinctif, bien au contraire. Cet ouvrage, fruit du colloque tenu à la Faculté de droit et de science politique de Nice en 2017, est articulé autour de trois questionnements. La délimitation dans l’espace d’un quartier, dit « politique de la ville », n’est-elle pas, déjà, un symbole patent d’une ségrégation territoriale ? Les territoires occupés par des groupes revèlent-ils une forme « d’apartheid territorial » occasionnel à répétition ? Enfin, quartiers branchés et espaces riches ne sont-ils pas constitutifs d’un autre type d’« apartheid territorial » ?