Sciences et droits de l’Homme forment un vieux couple intrigant. Il est certes possible de suivre le fil de leur épanouissement propre, comme s’il s’agissait de deux personnalités autonomes, mais c’est dans l’intimité de leur rencontre que se noue l’essentiel. La difficulté est alors de comprendre sans simplifier : le combat entre le bien et le mal, le mythe du progrès ininterrompu, la croyance aveugle dans les promesses de l’avenir sont postures plus que réflexions.
Issues d’un colloque organisé conjointement par l’UMR de droit comparé de Paris I et le réseau Droit, sciences et Techniques, les contributions réunies dans le présent volume entendent renouveler, sous un angle juridique, la pensée des interactions entre sciences et droits de l’Homme à partir de trois principaux domaines : le numérique, l’environnement, la recherche biomédicale. Les enjeux sont multiples et consistants. Qu’il s’agisse de la transformation et de la reproduction de l’espèce humaine, de sa survie au sein d’un environnement qu’il contribue désormais à façonner, ou encore des liens sociaux et contrôles permis par les technologies du numérique, les sujets gagnent en profondeur et en acuité. Ils suscitent des inquiétudes légitimes et stimulent l’imagination des scientifiques et juristes, y compris comme citoyens. L’effort pour penser les liens entre sciences et droits de l’Homme n’est pas affaire de spécialistes et retient l’attention de tous ceux sensibles à la marche du monde dans lequel nous vivons, dans le contexte de ce début de XXIème siècle déjà entamé.