Les ordalies, pratique déduite d’une cosmogonie immémoriale, ont participé en bien des temps et des lieux au règlement des conflits. Leurs rituels mettent en scène une épreuve dangereuse (voire mortelle) où accusés et accusateurs en appellent à une puissance sacrée pour que se manifeste la vérité. Très présente en Inde et en Mésopotamie, la culturede l’ordalie se repère dans de nombreux épisodes mythiques de l’Antiquité. Au Moyen-Age, les épreuves ordaliques, dont le duel judiciaire, dominent le système probatoire tout en subissant les critiques d’une Église qui rechigne à y voir une intervention divine. En Afrique et à Madagascar, ces épreuves, parfois encore prégnantes de nos jours, privilégient la puissance sacrale et justicière de l’eau et du feu, là où coexistent le visible et l’invisible. De ces rituels institués, nos contemporaines « conduites ordaliques » pourraient être une survivance, dans un monde où leur place devrait être cantonnée à l’imaginaire des productions culturelles.