Le nom de Daguerre est attaché à la découverte de la photographie. De lui, on connaît moins cette invention spectaculaire restée enfouie dans le XIXe siècle, le diorama. Daguerre a pourtant réussi ce tour de force qui consiste à introduire du mouvement dans la peinture même. Ce mouvement, qui est obtenu grâce à la transparence et à un système d'éclairage ingénieux, fait apparaître des figures peintes au gré de la luminosité. Le jour vient remplacer la nuit, un éboulement obstrue une vallée paisible, l'orage menace une journée radieuse, des moines pénètrent dans le choeur d'une église. Si le diorama hérite des principes picturaux de la perspective, il n'en reste pas moins que cette invention participe aussi directement du théâtre. Il concentre un des moments clés de la construction d'une histoire du spectaculaire qui n'attend plus que le cinéma pour trouver son expression la plus complète. Balzac ne s'y est pas trompé en qualifiant le diorama de «merveille du siècle.»
Aujourd'hui, le diorama de Bry-sur-Marne est le seul vestige qui témoigne des prodiges techniques ct esthétiques du grand artiste-inventeur que fut Daguerre. Pour l'historien comme pour le spectateur curieux, cette longue nef en trompe-l’œil est une fenêtre ouverte sur les révolutions optiques du XIXe siècle.
Guillaume Le Gall est maître de conférences en histoire de l'art contemporain à l'université de Paris-Sorbonne (Paris IV) et commissaire d'exposition indépendant.