Il y a 30 ans, le 25 mai 1993, la Cour européenne des droits de l’homme rendait son premier arrêt sur le fondement de l’article 9 de la Convention européenne garantissant la liberté de pensée, de conscience et de religion. L’arrêt Kokkinakis est la pierre de fondement, à partir d’une définition magistrale de la liberté de religion, du développement d’une jurisprudence abondante de la
Cour européenne qui permet aujourd’hui de postuler une conception européenne de la liberté de religion imposant des obligations tant négatives que positives aux États parties à la Convention. L’Église de scientologie, les Témoins de Jéhovah, les mormons ou les évangélistes côtoient dans l’hémicycle strasbourgeois les musulmans, les catholiques, les protestants, les agnostiques et les athées : tous espèrent que le juge européen entendra leurs prières et leurs lamentations. Ce n’est pas toujours
le cas ; la liberté de religion n’a rien d’absolu. Les développements de la jurisprudence européenne sont considérables et interrogent sur la place réservée à la religion dans nos sociétés contemporaines. La liberté de religion et, surtout, ses manifestations interpellent de plus en plus la société démocratique et ses juges. L’occasion rêvée de s’interroger sur la pertinence des apports européens à ce débat d’idées, d’idéaux et de valeurs
souvent posé sur un mode plus conflictuel que consensuel.