Au passage du XIXe au XXe siècle, le puissant clivage entre genres masculin et féminin s’effrite, se trouble et met progressivement à mal l’idée que la création serait réservée aux hommes et, aux femmes, la procréation. Dans le domaine de l’art, les créatrices sont dès lors autant de figures inattendues, importunes et menaçantes, susceptibles de remettre en cause l’ordre établi. Charlotte Foucher Zarmanian explore ici les stratégies attentistes, « caméléonesques » ou subversives que les femmes artistes déploient avec patience, talent, audace, en France, à cette époque, pour appréhender le monde des arts et s’y faire une juste place. En un mot, pour créer. Loin des poncifs, des chemins battus et des causes rebattues, cette recherche passe de l’autre côté du miroir, du côté de ces femmes qui désirent, agissent, produisent dans le contexte des années 1900 encore largement hostiles à leur cause. Qu’elles s’emparent des arts décoratifs, graphiques et médiumniques, de la peinture et de la sculpture, qu’elles partagent avec les hommes le feu sacré ou qu’elles choisissent, avec tact ou par effraction, de le leur voler, toutes ces créatrices nous apprennent que l’esthétique symboliste, nabie et Art nouveau fut loin d’être alors un apanage masculin.